Les paroles rapportées


Les paroles rapportées

·               Toute production écrite ou orale est un discours produit par un locuteur. Toutefois, rares sont les discours totalement dépourvus d’interventions d’autres locuteurs. Ainsi, un récit rapporte les paroles des personnages par des dialogues, des monologues, etc. On parle alors de discours rapportés.

I. Le discours direct

·               C’est l’inclusion d’une énonciation (discours citant) dans une autre énonciation (discours cité). Les deux discours (citant / cité) restent autonomes.

·               C’est la forme la plus exacte et la plus objective de la reproduction de la parole d’autrui. Les paroles sont retranscrites telles qu’elles ont été prononcées. Toutefois le narrateur peut influencer le discours, notamment avec des éléments comme les verbes de paroles.

·               Exemple : « J’ai appelé Max hier », prétendit / reconnut / cria Elsa.

le locuteur donne l’impression de se retrancher derrière la parole reproduite : il restitue fidèlement ce qui est dit et le discours (en général introduit par des guillemets et/ou un tiret) est caractérisé par les marques de l’oral (marques d’énonciation :

Première et deuxième personnes, présent de l’indicatif, questions directes, indices spatio-temporels liés à l’énonciation, etc.) Le verbe introducteur peut précéder le discours ou le suivre, ou être placé à l’intérieur dans une proposition incise.

·               Oh ! C’est vilain de boire ! dit-elle à demi-voix. ! (Zola)

II. Le discours indirect

·               Le locuteur ou le narrateur prend en charge les paroles rapportées, c’est une reformulation sans garantie de fidélité au discours d’origine. Ce discours dépend syntaxiquement d’un verbe introducteur, il subit des modifications (troisième personne au lieu de la première et de la deuxième, références spatio-temporelles du récit, plus d’interrogation directe ni d’exclamation, etc.) :

·               Ex: Il a dit que quand son accident s’était produit, il avait eu très peur. Il a ajouté qu’il s’était demandé s’il survivrait jusqu’au lendemain.

III. Le discours indirect libre

·               Le narrateur rapporte les paroles et les pensées au moyen d’une forme qui s’intègre parfaitement au récit. Les paroles sont rapportées sans guillemets.

·               Le discours indirect libre emprunte des caractéristiques au discours direct et au discours indirect.

·               Exemple : Pierre le disait toujours. S’il était riche, il ne travaillerait plus !

·               A l’oral, ce procédé est très courant et très économique : Le garagiste m’a téléphoné. Il faut changer la batterie, il le fait demain.

1. Les emprunts aux discours direct et indirect

·               Le discours indirect libre est l’intermédiaire entre le discours direct et le discours indirect.
Ex:
Discours direct : «
Non ! Je ne partirai pas d’ici, demain ! »
Discours indirect :
Elle lui dit qu’elle ne partirait pas de , le lendemain.
Discours indirect libre :
Elle se fâcha. Non ! Elle ne partirait pas de , le lendemain !

A. Les caractéristiques empruntées au discours direct

·               Les caractéristiques empruntées au discours direct sont :
•  les types de phrases : exclamatives, interrogatives (! ?) ;
•  les marques d’expressivité de la langue orale (Non !) ;
•  les marques de subjectivité (les manières de parler du personnage) ;
•  pas de proposition subordonnée.

B. Les caractéristiques empruntées au discours indirect

·         •  les paroles ne sont précédées d’aucun tiret, ni guillemets ;
•  les repères de temps et de lieu
», « le lendemain ») ;
•  les mêmes pronoms
elle ») ;
•  les mêmes temps verbaux sont utilisés, on applique la concordance des temps («
partirait ») ;
•  la parole rapportée est résumée.

2. Ses particularités

·               Le discours indirect libre est particulièrement utilisé dans les récits littéraires.
1. Plus léger que le discours indirect, le discours indirect libre permet de rester dans la continuité de la narration, tout en faisant entendre les paroles de quelqu’un ou en rapportant ses pensées.

2. Le discours indirect libre n’utilise pas de verbe introducteur de la parole comme dire, demander, interroger, et donc pas de proposition subordonnée, simplement des indépendantes ;

3. la distinction entre paroles rapportées et narration est gommée;

4. On l’utilise souvent aux temps du passé : imparfait, plus-que-parfait de l’indicatif, présent du conditionnel à valeur de futur dans le passé ;

5. Le locuteur n’est pas identifié de façon explicite ;
• le discours indirect libre est parfois difficile à repérer hors contexte.

3. Un exemple : extrait de Tropismes de Nathalie Sarraute

·         « Elle se tenait assise, les mains croisées sur son sac assorti, souriante, hochant la tête, apitoyée, oui, bien sûr elle avait entendu raconter, elle savait comme l’agonie de leur grand-mère avait duré, c’est qu’elle était si forte,  pensez donc, elle avait conservé toutes ses dents à son âge… Et Madeleine ? Son mari…Ah, les hommes, s’ils pouvaient mettre au monde des enfants, ils n’en auraient qu’un seul, bien sûr, ils ne recommenceraient pas deux fois, sa mère, la pauvre femme, le répétait toujours. »

·         Elle → 3e personne du singulier
oui → marque de l'oralité
bien sûr → marque de l'oralité
c'est qu'elle était si forte → marque de subjectivité
pensez donc → marque de l'oralité
Et Madeleine ? → marque de l'expressivité
Ah, les hommes → marque de l'oralité
ils n'en auraient qu'un seul → marque de subjectivité

·               Dans cet extrait, on suit les pensées du locuteur, qui n’est pas identifié. Le récit est au passé, les temps utilisés sont l’imparfait (pouvaient), le plus-que-parfait (avait conservé), le présent du conditionnel (recommenceraient) qui exprime le futur dans le passé. On ne relève aucun mot introducteur de la parole, aucun lien logique entre les différentes propositions.

·               Le DIL permet de rester dans le récit tout en faisant entendre les paroles ou pensées d’un personnage. Le DIL implique une superposition des voix : on parle donc de polyphonie.

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