Texte 3: Le dilemme


Texte 3 : Le dilemme


Pyrrhus a rappelé à Andromaque le choix qu’il lui impose : soit elle l’épouse, soit il livrera Astyanax aux Grecs. Andromaque fait part de sa décision à Céphise.

Texte écho : Jean Racine, Andromaque (1667)

Dans l’acte IV, Hermione a demandé à Oreste de la venger en assassinant Pyrrhus. Dans ce monologue de l'acte V, elle est tentée néanmoins de revenir sur sa décision.
ANDROMAQUE.Non, je ne serai point complice de ses crimes ;
Qu’il nous prenne, s’il veut, pour dernières victimes.
Tous mes ressentiments lui seraient asservis1.
CÉPHISE. – Hé bien ! allons donc voir expirer2 votre fils ;
On n’attend plus que vous. Vous frémissez, Madame !
ANDROMAQUE.Ah ! de quel souvenir viens-tu frapper mon âme !
Quoi ?
Céphise, j’irai voir expirer encor
Ce fils, ma seule joie, et l’image d’Hector :
Ce fils, que de sa flamme3 il me laissa pour gage !
Hélas ! je m’en souviens, le jour que son courage
Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas4,
Il demanda son fils, et le prit dans ses bras :

« Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes,
J’ignore quel succès le sort garde à mes armes5 ;
Je te laisse mon fils pour gage de ma foi :
S’il me perd, je prétends qu’il me retrouve en toi.
Si d’un heureux hymen6 la mémoire t’est chère,
Montre au fils à quel point tu chérissais le père
. »
Et je puis voir répandre un sang si précieux ?
Et je laisse avec lui périr tous ses aïeux ?
Roi barbare, faut-il que mon crime l’entraîne7 ?
Si je te hais, est-il coupable de ma haine ?
T’a-t-il de tous les siens reproché le trépas ?
S’est-il plaint à tes yeux des maux qu’il ne sent pas ?

Mais cependant, mon fils, tu meurs, si je n’arrête
Le fer8 que le cruel tient levé sur ta tête.
Je l’en puis détourner, et je t’y vais offrir ?
Non, tu ne mourras point : je ne le puis souffrir9.
Jean Racine, Andromaque, acte III, scène 8, 1667.
HERMIONE, seule – Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport1 me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! ne puis-je savoir si j’aime, ou si je hais ?
Le cruel ! de quel œil il m’a congédiée !
Sans pitié, sans douleur, au moins étudiée.
L’ai-je vu se troubler et me plaindre un moment ?
En ai-je pu tirer un seul gémissement ?
Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes,
Semblait-il seulement qu’il eût part à mes larmes ?
Et je le plains encore ? Et pour comble d’ennui,
Mon cœur, mon lâche cœur s’intéresse2 pour lui ?
Je tremble au seul penser du coup qui le menace ?
Et prête à me venger, je lui fais déjà grâce ?
Non, ne révoquons point l’arrêt3 de mon courroux4 :
Qu’il périsse ! Aussi bien il ne vit plus pour nous.
Jean Racine, Andromaque, acte V, scène 1, 1667.


1. Destinés.
2. Mourir.
3. Son amour.
4. La mort.
5. J’ignore si le destin me fera gagner ce combat.
6. Mariage.
7. L’entraîne dans la mort.
8. L’épée.
9. Supporter.
1. Émotion.
2. Prend sa défense.
3. La décision.
4. Colère.


Le titre de cette étude : Le dilemme.
Objectifs :
1.      Percevoir le dilemme tragique et étudier la délibération (Stratégie argumentative que l’auteur ou le personnage utilise en pesant le pour et le contre pour prendre une décision)
2.      Texte principal : Il nous permet de travailler sur un système de communication complexe, notamment sur la prosopopée.
3.      Texte écho : Il montre un exemple de monologue délibératif.
Q1 : Quelle décision Andromaque exprime-t-elle au début de l’extrait ? Et à la fin ?
1.      Au début, Andromaque Explique qu’elle refuse d’épouser Pyrrhus malgré les menaces. Sa réplique commence par l’adverbe de négation «  non ». Elle utilise ensuite «  complice », «  crimes » et « victimes ». Elle fait donc de Pyrrhus un criminel et se positionne comme victime avec son fils.
2.      A la fin de l’extrait, Andromaque a pris une nouvelle décision : épouser Pyrrhus pour protéger son fils. Elle conclut avec le même adverbe de négation «  non » mais cette fois pour exprimer la décision contraire «  Tu ne mourras point ».
Q2 : Quel est le ton de la réplique de Céphise ?
La réplique de Céphise est ironique : Céphise utilise l’impératif «  allons » comme si Andromaque allait être témoin de la mort de son fils.
Le dernier vers de Céphise présente la mort d’Astyanax comme un spectacle, pour lequel on a besoin de spectateurs.
Q3 : Quel est l’effet produit sur Andromaque ?
1.      La réplique de Céphise est révélatrice/ violente/  pour Andromaque.
2.      Elle se trouve confrontée à l’idée de la mort de son fils.
3.      La rime entre « encor » et « Hector » symbolise la peur d’Andromaque de voir l’histoire se répéter et son mari mourir une seconde à travers son fils.
Q4. A qui Andromaque s’adresse-t-elle successivement ?
Andromaque s’adresse successivement à :
-          Céphise : l’apostrophe «  Céphise »
-          Pyrrhus : apostrophe  «  Roi barbare »
-          Astyanax : l’apostrophe « mon fils »
Q5 : Quels indices témoignent de l’émotion d’Andromaque ?
1.      Des interjections : « Ah ! », « Quoi ? », « Hélas ! »
2.      Des phrases exclamatives : de quel souvenir viens-tu frapper mon âme !
3.      Des interrogatives : …………
4.      Des répétitions : « ce fils » répété en anaphore.
Q6 : Comment sont rapportées les paroles d’Hector ?
Les paroles d’Hector sont rapportées de façon directe : elles sont entre des guillemets et introduites par « dit-il ». Elle fait parler un mort : c’est ce qu’on appelle une « prosopopée ».
Q7 : A votre avis, pourquoi Andromaque utilise-t-elle ce procédé ?
-          Pour le rendre plus présent
-          Pour rendre son discours plus touchant
-          Montrer qu’elle ne l’a pas oublié
-          Justifier pourquoi elle doit rester fidèle à la promesse d’Hector.
Grammaire :
Q8 : Relevez les pronoms des vers 15-16 et classez-les selon leurs fonctions.
Je te laisse mon fils pour gage de ma foi :
S’il me perd, je prétends qu’il me retrouve en toi.
A faire

Q9 : Comment Andromaque justifie-t-elle le choix de ne pas sacrifier son fils ?
A travers plusieurs arguments :
-          Tout d’abord, Astyanax représente la mémoire de son mariage avec Hector. Elle utilise la périphrase «  un sang si précieux » qui désigne la lignée d’Hector et des troyens.
-          Elle développe ensuite le thème de l’innocence de son fils à travers les questions rhétoriques…
-          Elle montre également qu’elle est la principale coupable à travers les déterminants possessifs : « mon crime », « ma haine »…. A mettre les N° de vers.
-          Le dernier argument énoncé par Andromaque : La possibilité de sauver son fils.
Hermione : texte écho
Q10 : A  qui s’adresse Hermione ?
Hermione s’adresse à elle-même : il s’agit d’un monologue dans lequel elle s’interroge sur ses actions.
Q11 : Aime-t-elle encore Pyrrhus ?
Hermione se demande si elle aime encore Pyrrhus : «  ah ! Ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ? »
Hermione conclut que Pyrrhus ne l’aime pas. On peut en conclure qu’Hermione aime toujours Pyrrhus mais elle met à distance cet amour…….
Q12 : A quel dilemme est-elle confrontée ?
Le dilemme se révèle à la fin de son monologue, dans les quatre derniers vers : Après avoir ordonné à Oreste de tuer Pyrrhus, elle hésite à revenir sur son choix.
Les deux derniers vers mettent fin au dilemme. Après les nombreuses phrases interrogatives, Hermione utilise le type injonctif : « ne révoquons point », et le subjonctif dans la proposition principale qui exprime le désir «  Qu’il périsse ».


Vers le commentaire :
Problématique : Comment l’échange de paroles fait-il avancer l’intrigue ?


Introduction :
      Présentation Au cœur d’un dilemme entre son refus d’épouser Pyrrhus et son désir de sauver Astyanax, Andromaque s’appuie sur une longue tirade pour faire part de ses interrogations et faire apparaître sa prise de décision. Mais elle n’est pas seule : l’intervention de sa confidente, Céphise, mais aussi les échanges indirects avec des personnages morts ou absents, l’aident à prendre une décision finale. Rappel de la problématique Nous cherchons donc à savoir comment l’échange fait avancer l’intrigue. Annonce du plan Tout d’abord, l’échange direct permet une remise en question de la question initiale, mais les échanges indirects forment un plongeoir pour sa prise de décision finale.

I.                   L’échange direct : La remise en question de la décision initiale.
A.      L’ironie de Céphise
Au début de l’extr
ait, Andromaque annonce qu’elle a décidé de ne pas épouser Pyrrhus, qu’elle le considère comme un criminel et se présente, avec son fils, comme des victimes. Sa confidente, Céphise, lui répond par une antiphrase (en faisant preuve d’ironie) : Elle propose à sa maîtresse d’aller assister à la mort de son fils. Elle commence sa réplique par une interjection «  Eh bien ! », suivie par l’impératif « Allons » montrant une forme de domination : c’est elle qui propose à sa maîtresse. La proposition «  on n’attend plus que vous » fait de la mort d’Astyanax une sorte de spectacle pour lequel on a besoin de spectateurs. Par cette réplique, Céphise semble choquer sa maîtresse en lui présentant la réalité de la mort de son fils qui résultera de sa décision.
B.       Lamentation d’Andromaque
Cette réplique a beaucoup d’effet sur Andromaque. Cela nous est indiqué par la didascalie interne à la réplique de Céphise : «  Vous frémissez, Madame ! ». Elle semble très frappée : Les interjections «  Ah ! », « Hélas ! », ainsi que les phrases exclamatives et interrogatives montrent son émotion. L’évocation de la mort d’Astyanax lui évoque immédiatement un autre «  souvenir », celui de la mort d’Hector, puisque son fils est « l’image d’Hector ». Le nom de son mari «  Hector » rime avec l’adverbe «  encor » au vers suivant : La mort d’Astyanax serait donc une répétition de la mort de son mari lors de la guerre de Troie. L’émotion provoquée par Céphise conduit donc Andromaque à remettre en question sa décision initiale.
II.                Les échanges indirects : Un plongeoir pour la prise des décisions.
A.      La prosopopée : Un moyen de faire parler les morts.
    L’intervention de Céphise laisse place à une longue tirade d’Andromaque : elle met en place un système de communication complexe faisant intervenir d’autres personnages, morts ou absents. Elle fait ainsi d’abord intervenir Hector dans une prosopopée qui accentue le caractère touchant de la scène car elle a convoqué les derniers mots prononcés par Hector. Les paroles d’Hector sont rapportées du discours direct : elles sont encadrées par des guillemets et introduites par «  dit-il ». Le discours direct montre l’amour qui unit le héros à sa femme : Il s’adresse à elle par une apostrophe tendre «  chère épouse » et évoque leur mariage par un «  heureux hymen ». Leur amour est également présenté comme réciproque…
Cette prosopopée remplit donc une double fonction : elle rappelle l’amour qui unit Andromaque à son mari et présente Astyanax comme le fruit de cet amour. Elle permet donc d’illustrer l’impossibilité de la mort d’Astyanax si Andromaque souhaite rester fidèle aux vœux de son époux.

B.       Les apostrophes : Un moyen de faire parler les absents.
A la fin de sa tirade, Andromaque s’adresse à des personnages absents. Après avoir convoqué le souvenir d’Hector, elle semble créer des dialogues fictifs avec d’autres personnages. Ainsi, elle s’adresse dans un premier temps  à Pyrrhus par l’apostrophe «  roi barbare » et les pronoms personnels. Elle s’adresse à lui à travers des questions rhétoriques comme si Pyrrhus était présent : «  t’a-t-il de tous les siens reprochés le trépas ? ».
Dans les derniers vers de la tirade, Andromaque change à nouveau d’interlocuteur et s’adresse à Astyanax à travers l’apostrophe «  mon fils ». ce dernier dialogue fictif aboutit à la prise de décision finale d’Andromaque par l’adverbe de négation  «  non » et la forme négative «  tu ne mourras point » qui fait écho à la négation initiale de l’extrait.
Conclusion :
La mise en place d’un système de communication complexe permet donc le développement du dilemme d’Andromaque, qui passe d’une décision initiale à une décision finale à travers un dialogue réel avec Céphise, un dialogue passé avec Hector et deux dialogues fictifs avec Pyrrhus et Astyanax.

Texte 2: Deux héroïnes face à Pyrrhus


Texte 2 : Deux héroïnes face à Pyrrhus

Pyrrhus a accepté d’épouser Hermione et de livrer Astyanax aux Grecs. Alors qu’il vient parler à Hermione, avec son confident Phœnix, il rencontre par hasard Andromaque, accompagnée de Céphise.

Texte écho : Jean Racine, Andromaque (1667)

Hermione apprend que Pyrrhus préfère épouser Andromaque par amour plutôt qu’elle-même par devoir.

PYRRHUS, à Phœnix – Où donc est la princesse1 ?
Ne m’avais-tu pas dit qu’elle était en ces lieux ?
PHŒNIX. – Je le croyais.
ANDROMAQUE, à Céphise – Tu vois le pouvoir de mes yeux2.
PHYRRUS. – Que dit-elle, Phœnix ?
ANDROMAQUE. – Hélas ! tout m’abandonne.
PHŒNIX. – Allons, Seigneur, marchons sur les pas d’Hermione.
CÉPHISE. – Qu’attendez-vous ? Rompez ce silence obstiné.
ANDROMAQUE. – Il a promis mon fils.
CÉPHISE. – Il ne l’a pas donné.
ANDROMAQUE. – Non, non, j’ai beau pleurer, sa mort est résolue.
PYRRHUS. – Daigne-t-elle sur nous tourner au moins la vue ? Quel orgueil !
ANDROMAQUE. – Je ne fais que l’irriter encor. Sortons.
PYRRHUS. – Allons aux Grecs livrer le fils d’Hector.
ANDROMAQUE. – Ah ! Seigneur, arrêtez ! Que prétendez-vous faire ?
Si vous livrez le fils, livrez-leur donc la mère.
Vos serments m’ont tantôt juré tant d’amitié :
Dieux ! ne pourrai-je au moins toucher votre pitié ?
Sans espoir de pardon m’avez-vous condamnée ?
PYRRHUS. – Phœnix vous le dira, ma parole est donnée.
ANDROMAQUE. – Vous qui braviez pour moi tant de périls divers !
PYRRHUS. – J’étais aveugle alors : mes yeux se sont ouverts.

Jean Racine, Andromaque, acte III, scène 6, 1667.
HERMIONE. – Je ne t’ai point aimé, cruel ? Qu’ai-je donc fait ?
J’ai dédaigné pour toi les vœux de tous nos princes ;
Je t’ai cherché moi-même au fond de tes provinces ;
J’y suis encor, malgré tes infidélités,
Et malgré tous mes Grecs honteux de mes bontés.
Je leur ai commandé de cacher mon injure ;
J’attendais en secret le retour d’un parjure ;
J’ai cru que tôt ou tard, à ton devoir rendu,
Tu me rapporterais un cœur qui m’était dû. […]
Vous1 ne répondez point ? Perfide, je le voi2,
Tu comptes les moments que tu perds avec moi !
Ton cœur, impatient de revoir ta Troyenne,
Ne souffre3 qu’à regret qu’une autre t’entretienne.
Tu lui parles du cœur, tu la cherches des yeux.
Je ne te retiens plus, sauve-toi de ces lieux :
Va lui jurer la foi que tu m’avais jurée,
Va profaner des Dieux la majesté sacrée.
Ces Dieux, ces justes Dieux n’auront pas oublié
Que les mêmes serments avec moi t’ont lié.
Porte aux pieds des autels ce cœur qui m’abandonne ;
Va, cours. Mais crains encor d’y trouver Hermione.
Jean Racine, Andromaque, acte IV, scène 5, 1667.

1. Pyrrhus parle d’Hermione.
2. Alors qu’Andromaque suppliait Hermione de sauver son fils, celle-ci lui a répondu : « S’il faut fléchir Pyrrhus, qui le peut mieux que vous ? / Vos yeux assez longtemps ont régné sur son âme. » (III, 4)

1. Hermione vouvoie Pyrrhus.
2. Le -s final de la première personne se prononce encore au XVIIe siècle. Pour la rime, on ne l’écrit donc pas dans les textes versifiés.
3. Supporte.



Deux héroïnes face à Pyrrhus

Texte 2

Jean Racine, Andromaque, acte III, scène 6, 1667.

Texte écho

Jean Racine, Andromaque, acte IV, scène 5, 1667. 

Objectif

·               Étudier l’expression du furor et du dolor.

Éclairage

·               Dans son analyse des tragédies latines de Sénèque, Florence Dupont définit deux états du héros tragique : le dolor puis le furor. Le dolor est une souffrance morale insurmontable ; le personnage la subit sans toutefois perdre sa dignité. Le furor, qui se nourrit du dolor, est une colère infinie, une rage telle que le personnage sort de sa condition humaine pour devenir un monstre.

·               Andromaque, mise en scène de Muriel Mayette-Holtz, avec Cécile Brune (Andromaque), Éric Ruf (Pyrrhus) et Céline Samie (Céphise), Comédie-Française (salle Richelieu), Paris, 2010.

·               https://www.youtube.com/watch?v=G9HVF-ICgRo

·               Andromaque fin de l'acte III, scène 8

1. Comparez les deux extraits sur le fond (thèmes, situations, attitudes) et sur la forme (ton, types de répliques).

·               Extrait principal: un dialogue, quatre personnages, enchaînement rapides des répliques ( stichomythies).

·               Apartés entre les deux couples maître/confident, ce n’est donc pas un dialogue mais plutôt deux dialogues parallèles.

·               Voir vers 7…

·               A partir de vers 11, un troisième dialogue se met en place…

·               Au contraire, le texte écho est une tirade d’Hermione qui s’adresse à Pyrrhus.

·               Deux personnages présents sur scène.

·               Hermione monopolise la parole.

·               Longue tirade qui s’oppose au rythme rapide du texte principal.

·               Un point commun entre les deux: La mise en scène d’une héroïne tragique.

·               Andromaque supplie Pyrrhus de la sacrifier à la place de son fils.

·               Hermione accuse Pyrrhus d’aimer Andromaque et lui ordonne d’aller la rejoindre…deux ordres contradictoires dans les deux extraits.

·               Andromaque demande à Pyrrhus d’arrêter ( « arrêtez », v. 12) et Hermione lui demande de continuer, de partir ( « va, cours », v. 20).

·               Leurs attitudes sont également très différentes : Andromaque le supplie, en utilisant la tonalité pathétique ( « Dieux ! Ne pourrais-je au moins toucher votre pitié ? » v. 15) alors qu’Hermione le menace dans le dernier vers (« Mais crains encor d’y trouver Hermione »).

2. Quels sont les rôles de Phœnix et de Céphise ici ?

·               Phœnix et Céphise sont les confidents de Pyrrhus et d’Andromaque. Ils recueillent donc leurs sentiments et leur donnent des conseils.

·               Phœnix s’oppose clairement à l’amour de Pyrrhus pour Andromaque et privilégie le choix de la raison : Hermione.

·               Il tente de maintenir Pyrrhus dans ce choix de la raison en essayant d’empêcher son maître de parler avec Andromaque : « Allons, Seigneur, marchons sur les pas d’Hermione » (v. 5). Les impératifs traduisent des conseils, presque des ordres.

·               Céphise joue également le rôle de conseillère d’Andromaque, mais elle pousse sa maîtresse à faire le contraire : sa réplique « Qu’attendez-vous ? Rompez ce silence obstiné. » (v. 6) suit directement celle de Phœnix adressée à Pyrrhus, mais ordonne le contraire.

·               Les confidents prennent ici un rôle important en tentant d’influencer leurs maîtres.

3. Entre le début et la fin de l’extrait, montrez qu’il y a une évolution dans l’attitude de Pyrrhus et d’Andromaque. Analysez notamment les types de phrases utilisés.

·               Pyrrhus passe du trouble, en voyant Andromaque, à la fermeté, en refusant d’accéder à sa demande… Phrases interrogatives? Questions rhétoriques?

·               Forme interrogative: Colère, frustration…

·               Ses sentiments évoluent donc de l’intérêt à la colère.

·               Des phrases déclaratives sèches aux vers 17 et 19, et sa dernière réplique oppose imparfait et passé composé : « J’étais aveugle alors : mes yeux se sont ouverts ». L’imparfait permet d’évoquer son amour passé, interrompu par l’action désignée par le passé composé. Pyrrhus semble donc déterminé à ne pas se laisser fléchir par Andromaque.

·               Au contraire, Andromaque passe de la détermination à la supplication. Au début de la scène, dans son dialogue avec Céphise, elle utilise des répliques courtes, d’un vers ou même d’un hémistiche. Ainsi, au vers 4, elle dit « Hélas ! tout m’abandonne ». L’interjection « Hélas » participe à l’installation d’une tonalité lyrique et pathétique.

·               Cependant , son attitude se transforme au vers 12 dans sa tirade. En effet, elle utilise des interjections, « Ah ! » (v. 12) et « Dieux ! » (v. 15), et elle emploie une phrase exclamative et trois phrases interrogatives : cela traduit son émotion. Elle s’adresse directement à Pyrrhus avec l’apostrophe « Seigneur » (v. 12).

·               Leurs attitudes semblent donc se répondre et se croiser.

4. Quelle réplique de Pyrrhus pousse Andromaque à s'adresser à lui ? Pourquoi ?

·               Vers 11, « Allons aux Grecs livrer le fils d’Hector ».

·               une périphrase qui provoque l’émotion d’Andromaque.

·               On peut également remarquer que le nom « Hector » clôt le vers : c’est le dernier mot de Pyrrhus, c’est donc sans doute le souvenir de son mari qui pousse Andromaque à prendre la parole pour sauver son fils.

5. Comment s’exprime alors son dolor ?

·               Par des interjections comme « Ah ! » (v. 12) et « Dieux ! » (v. 15).

·               une phrase exclamative et injonctive, en apostrophant directement Pyrrhus par « Seigneur » (v. 12).

·               Par l’impératif « arrêtez ! » (v. 12).

·               Elle utilise à nouveau un impératif avec « livrez »: « livrez le fils » à « livrez-leur donc la mère »…se sacrifier pour son fils?...

·               Tonalité pathétique à travers la phrase interrogative « ne pourrai-je au moins toucher votre pitié ? » (v. 15) et le terme « condamnée » (v. 16).

6 . GRAMMAIRE Relevez les participes passés, et pour chacun d’eux, indiquez s’il est accordé ou non et pourquoi.

·               « dit » (v. 2) : il ne s’accorde pas car il est employé avec l’auxiliaire avoir. Le COD « qu’elle était en ces lieux » est placé après le verbe, et le pronom « m’ » qui est placé avant le verbe est un COI.

·               « promis » (v. 7) : il ne s’accorde pas car il est employé avec l’auxiliaire avoir.

·               « donné » (v. 7) s’accorde avec le COD placé avant le verbe, le pronom « l’ ». Celui-ci désigne le fils d’Andromaque, le participe passé s’accorde donc au masculin singulier.

·               « résolue » (v. 8) s’accorde avec le sujet « sa mort » car il est employé avec l’auxiliaire être. Il s’agit ici d’une phrase à la forme passive.

·               « juré » (v. 14) ne s’accorde pas avec le sujet car il est employé avec l’auxiliaire avoir. Le pronom « m’ » qui se situe avant le verbe est un COI.

·               « condamnée » (v. 16) s’accorde avec le COD « m’ », placé avant le verbe. Celui-ci désigne Andromaque, le participe passé s’accorde donc au féminin singulier.

·               « donnée » (v. 16) s’accorde avec le sujet « ma parole » car il est employé avec l’auxiliaire être. Le mot « parole » est féminin, le participe passé s’accorde donc au féminin singulier.

·               « ouverts » (v. 19) est employé dans un verbe pronominal. On peut reformuler la phrase avec l’auxiliaire avoir : mes yeux ont ouvert (qui / quoi ?) eux-mêmes. On suit donc la règle de l’auxiliaire avoir : ici, le participe passé s’accorde donc avec le COD placé avant le verbe, « se ».

(► texte écho)
7. Quels reproches Hermione adresse-t-elle à Pyrrhus ?

·               Elle lui reproche de penser qu’elle ne l’aimait pas, à travers deux phrases interrogatives.

·               La deuxième, « Qu’ai-je donc fait ? » (v. 1) est une question rhétorique.

·               Elle lui reproche ensuite ses « infidélités » (v. 4) à travers un vocabulaire péjoratif.

·               Enfin, elle lui reproche de ne pas être attentif à ce qu’elle lui dit car il pense à Andromaque. Elle la désigne prétentieusement par une périphrase « ta Troyenne », qui souligne son mépris à l’égard d’Andromaque et la trahison de Pyrrhus envers le camp des Grecs.

8. Relevez et commentez les apostrophes.

·               Hermione utilise deux apostrophes : « cruel » (v. 1) et « perfide » (v. 10). Les deux adjectifs péjoratifs soulignent ses reproches : elle insiste sur les souffrances qu’il lui a causées ainsi que sur la trahison de leurs fiançailles.

9. Selon vous, peut-on dire qu’Hermione est aussi dans un état de dolor ?

·               Comme Andromaque, Hermione semble aussi être dans un état de dolor, qui est à l’origine de son furor.

·               Elle revient sur son amour passé à travers les deux questions rhétoriques initiales, qui introduisent l’énumération de ses souffrances, des vers 2 à 9.

·               L’omniprésence du pronom « je » insiste sur les sacrifices d’Hermione. Dans presque chaque vers, les pronoms de la première et de la deuxième personne sont présents : « j’» / « pour toi » (v. 1), « je t’ai » (v. 2), « j’» / « tes » (v. 3), « j’» / « ton » (v. 8), « tu me » (v. 9).

·               des apostrophes péjoratives, comme « cruel » (v. 1) et « perfide » (v. 10).

·               Elle insiste également sur la souffrance causée par Pyrrhus : avec le terme « injure » (v. 6), mais aussi une trahison amoureuse :  « un cœur qui m’était dû » (v. 9).

Vers le commentaire: 9. Comment le dialogue impossible montre-t-il les tourments des personnages ?

Introduction

·               Dans cet extrait, tiré de la scène 6 de l’acte III, les deux duos maître-confident, celui de Pyrrhus et de Phœnix d’une part et celui d’Andromaque et de Céphise d’autre part, se rencontrent par hasard, alors que Pyrrhus cherche Hermione. Sur les conseils de Phœnix, il a décidé d’épouser Hermione malgré son amour pour Andromaque. Celle-ci vient d’apprendre de la bouche d’Hermione que Pyrrhus avait décidé de livrer son fils, Astyanax, aux Grecs.

·               Au début de la scène, le dialogue est coupé en deux puisque Pyrrhus et Andromaque parlent chacun avec leur confident : ils ne s’adresseront la parole qu’à partir du vers 12. En quoi le dialogue impossible montre-t-il les tourments des personnages ? Tout d’abord, nous étudierons la coexistence de trois dialogues, puis nous analyserons l’évolution des sentiments des personnages.

 

·               I. Trois dialogues en un : une communication heurtée

·               a) Les confidents : des conseils contradictoires

·               b) Des échanges rapides, qui renversent les rapports de pouvoir

·               c) La confrontation finale entre Andromaque et Pyrrhus : deux personnages opposés

·               II. L’évolution des sentiments des personnages : un chassé-croisé 

·               a) Pyrrhus : de l’amoureux au roi

·               b) Andromaque : le dolor, de la lamentation à la supplication

·               c) Le moment de bascule : le souvenir d’Hector

Oral

·               Par groupe de quatre, apprenez puis jouez la scène en étant attentifs aux gestes et aux déplacements.

·               ORAL

·               Texte écho Préparez de la même façon votre interprétation de la deuxième partie de la tirade ( « Vous ne répondez… » à la fin). Puis jouez-la devant la classe.
Vous pouvez vous entraîner en vous enregistrant.

 


















































































Les mouvements littéraires

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