Andromaque depuis l’Antiquité


Andromaque depuis l’Antiquité
Homère (VIIIe siècle av. J.-C.)
Poète grec de la fin du VIIIe siècle av. J.-C. On lui attribue notamment l’épopée L’Iliade, le premier texte qui mentionne Andromaque.
Texte B
  Bientôt, elle parvient jusqu’à la tour, à travers la foule des guerriers, et s’arrête sur le mur en regardant de toutes parts. Alors elle voit Hector, traîné devant les remparts de la ville ; des coursiers rapides emportent outrageusement son cadavre vers les vaisseaux des Grecs. […] Enfin, revenue à elle-même, et reprenant ses esprits, elle répand des pleurs accompagnés de sanglots, et s’écrie au milieu des Troyennes : « Hector, que je suis malheureuse ! […] Maintenant te voilà dans les demeures d’Hadès, profonds abîmes de la terre, tandis que moi, dans un deuil éternel, tu me laisses veuve au sein de nos foyers. Ce fils encore enfant, auquel, malheureux, nous avons donné la vie, Hector, puisque tu n’es plus, tu ne seras point son appui, et lui ne sera jamais le tien. »

Homère, L’Iliade, chant XXII, VIIIe s. av. J.-C., trad. du grec ancien de Jean-Baptiste Dugas-Montbel, 1828.
Euripide (Ve siècle av. J.-C.)
Il est l’un des trois grands dramaturges grecs du Ve siècle av. J.-C. Andromaque intervient dans ses pièces Andromaque et Les Troyennes.
Texte C
ANDROMAQUE. ‒ J’ai vu mon époux, Hector, tué par Achille, et le fils que je lui avais donné, Astyanax, jeté du haut d’une tour, quand les Grecs se furent emparés du sol troyen ; moi-même esclave, moi qui passais pour être issue de la plus noble maison, j’arrivai en Grèce […]. Pour moi, j’ai donné ici le jour à un fils1, fruit de mon union avec le rejeton d’Achille, avec mon maître. Et d’abord, malgré les maux qui m’accablaient, j’espérais toujours trouver dans cet enfant un appui, un soulagement à mes infortunes ; mais depuis que mon maître, dédaignant la couche de son esclave, a épousé Hermione de Lacédémone, je suis accablée par elle des plus cruels traitements. Elle dit que par des philtres secrets je la rends stérile et odieuse à son époux, que je prétends m’établir à sa place dans cette demeure et la chasser violemment de son lit. Or, ce lit, j’y ai pris place jadis malgré moi, et aujourd’hui je l’ai quitté pour toujours ; oui. Jupiter sait que j’ai partagé, contre mon gré, la couche de Pyrrhus.

Euripide, Andromaque, Ve s. avant J.-C., trad. du grec ancien d'Émile Pessonneaux, 1880.
Jean Racine (1639 - 1699)
Grand auteur de tragédies classiques du XVIIe siècle. Celles-ci s’inspirent des mythes antiques.
Texte D
[M]es personnages sont si fameux dans l’Antiquité, que pour peu qu’on la connaisse, on verra fort bien que je les ai rendus tels que les anciens poètes nous les ont donnés.
Jean Racine, Andromaque, « Première Préface », 1667.
Andromaque, dans Euripide, craint pour la vie de Molossus, qui est un fils qu’elle a eu de Pyrrhus, et qu’Hermione veut faire mourir avec sa mère. Mais ici il ne s’agit point de Molossus. Andromaque ne connaît point d’autre mari qu’Hector, ni d’autre fils qu’Astyanax. J’ai cru en cela me conformer à l’idée que nous avons maintenant de cette princesse. Je doute que les larmes d’Andromaque eussent fait sur l’esprit de mes spectateurs l’impression qu’elles y ont faite, si elles avaient coulé pour un autre fils que celui qu’elle avait d’Hector.
Jean Racine, Andromaque, « Seconde Préface », 1676.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les mouvements littéraires

Les mouvements littéraires