Thibaut de Champagne, « Je suis comme la licorne » (XIIIe siècle)
Je suis comme
la licorne1
En extase devant la jeune fille
Dont elle ne détache pas ses regards.
Elle éprouve un si doux malaise
Qu’elle tombe sans connaissance en son giron2.
Alors on la met à mort par traîtrise.
De même Amour et ma dame
M’ont blessé à mort, en vérité :
Ils ont mon cœur et je ne puis le reprendre.
Dame, quand je fus devant vous
Et que je vous vis pour la première fois,
Mon cœur tressaillit3 tant
Qu’il vous resta à mon départ.
Je fus alors emmené sans demande de rançon,
En extase devant la jeune fille
Dont elle ne détache pas ses regards.
Elle éprouve un si doux malaise
Qu’elle tombe sans connaissance en son giron2.
Alors on la met à mort par traîtrise.
De même Amour et ma dame
M’ont blessé à mort, en vérité :
Ils ont mon cœur et je ne puis le reprendre.
Dame, quand je fus devant vous
Et que je vous vis pour la première fois,
Mon cœur tressaillit3 tant
Qu’il vous resta à mon départ.
Je fus alors emmené sans demande de rançon,
Captif dans la
douce prison
Dont les piliers sont faits de désir,
Les portes de beaux regards
Et les anneaux de bon espoir.
Amour a la clé de la prison
Et il y a placé trois portiers.
Le premier s’appelle Beau Semblant4
Et Amour a fait de Beauté leur maîtresse.
Il a mis Danger devant la porte,
Un vilain5, affreux, traître, dégoûtant,
Un gueux, un scélérat.
Ces trois-là sont rusés et hardis,
Ils se saisissent vite d’un homme.
Qui pourrait supporter les mauvais traitements
Et les assauts de ces portiers ?
Dont les piliers sont faits de désir,
Les portes de beaux regards
Et les anneaux de bon espoir.
Amour a la clé de la prison
Et il y a placé trois portiers.
Le premier s’appelle Beau Semblant4
Et Amour a fait de Beauté leur maîtresse.
Il a mis Danger devant la porte,
Un vilain5, affreux, traître, dégoûtant,
Un gueux, un scélérat.
Ces trois-là sont rusés et hardis,
Ils se saisissent vite d’un homme.
Qui pourrait supporter les mauvais traitements
Et les assauts de ces portiers ?
Jamais Roland ni Olivier6
Ne soutinrent si grandes batailles ;
Ils vainquirent en combattant,
Mais c’est en s’humiliant qu’on triomphe de ceux-là.
Patience est le porte-bannière ;
En ce combat dont je vous parle,
Il n’y a d’autre salut qu’en la pitié.
Dame, je ne redoute rien de plus
Que d’être privé de votre amour.
J’ai tant appris à supporter7.
Que je suis à vous par habitude ;
Et dussiez-vous en être fâchée,
Je ne pourrais y renoncer en rien,
Sans en garder le souvenir,
Sans que mon cœur soit toujours
En prison, auprès de moi.
Dame, puisque je ne sais pas tromper,
Il serait temps d’avoir pitié de moi,
Accablé sous un si pesant fardeau.
Ne soutinrent si grandes batailles ;
Ils vainquirent en combattant,
Mais c’est en s’humiliant qu’on triomphe de ceux-là.
Patience est le porte-bannière ;
En ce combat dont je vous parle,
Il n’y a d’autre salut qu’en la pitié.
Dame, je ne redoute rien de plus
Que d’être privé de votre amour.
J’ai tant appris à supporter7.
Que je suis à vous par habitude ;
Et dussiez-vous en être fâchée,
Je ne pourrais y renoncer en rien,
Sans en garder le souvenir,
Sans que mon cœur soit toujours
En prison, auprès de moi.
Dame, puisque je ne sais pas tromper,
Il serait temps d’avoir pitié de moi,
Accablé sous un si pesant fardeau.
Thibaut de Champagne, « Je suis comme la licorne », Recueil de
chansons, XIIIe siècle, trad. de l’ancien français d’Alexandre
Micha, 1991 © Éditions Klincksieck.
1. Cet animal légendaire doit être chassé à l’aide d'une jeune vierge.
2. Sur les cuisses.
3. Trembla.
4. Beau Semblant (belle apparence),
Beauté et Danger sont des figures allégoriques, présentes dans Le Roman de
la Rose.
5. Terme péjoratif pour désigner un
paysan.
6. Personnages de La Chanson de
Roland, célèbre épopée médiévale : ce sont des chevaliers héroïques.
7. Souffrir.
L’auteur
·
Thibaut de Champagne, un aristocrate vécu dans la première moitié du XII
siècle, était Comte de Champagne et roi de Navarre et en même temps troubadour.
En effet il nous a laissé plus de 70 compositions poétiques qui constituent un
exemple complet de « fin’amor ».
·
La licorne était un animal mythique très à la mode au Moyen Age. Elle avait
l’aspect d’un cheval blanc, portant une corne sur le front. Tout en étant
sauvage et féroce, souvent, la licorne, se laissait prendre au piège de l’amour
car elle était attirée par les jeunes filles innocentes.
Objectif :
·
Identifier les caractéristiques de la fin’amor.
Entrer dans le texte
·
1.
Doc. 1 Observez le manuscrit. Que vous apprend-il sur le texte ?
2. Un discours amoureux
A. À qui le poète s’adresse-t-il dans ce
texte ?
B. Quelle image donne-t-il de lui ?
3. GRAMMAIRE
·
Comparez le premier vers en ancien français et sa traduction en français
moderne.
4.Quelle est la visée de ce texte ?
La fin’amor
·
5
A.
D’après la comparaison initiale, qui a le pouvoir dans la relation
amoureuse ?
B. Quelle est la conséquence de l’amour pour l’amant ?
6
A. Comment est
construite la « prison » d’amour ?
B. Qui sont les
gardiens de cette prison ?
·
7
A. Dans « douce prison
» (► v. 15), quelle figure de style reconnaissez-vous ?
B. Que suggère-t-elle
quant à la relation entre le poète et sa dame ?
8. Quelles sont les
différences entre le chevalier de la fin’amor et ceux de l’épopée (► v.
30-32) ?
do you like sushi?
RépondreSupprimeryeah!!!!
RépondreSupprimerWawwwwww franchement j'aime
RépondreSupprimeryessss!!!!!!
RépondreSupprimermais c'est l'intro de maths se fait des films ca !
RépondreSupprimer